La santé mentale des jeunes : le Conseil de Développement en débat !
Le 14 octobre 2025, la Public Factory de l’IEP de Lyon a accueilli la onzième Assemblée Citoyenne du Conseil de Développement. Plus de soixante-dix participants, membres du CdD, professionnels de la santé, bénévoles, élus de la Métropole et citoyens curieux, se sont retrouvés pour débattre d’un sujet essentiel : la santé mentale des jeunes.
Une soirée placée sous le signe de la rencontre et du partage
Dès leur arrivée, les participants ont apporté leur enthousiasme, contrastant avec la gravité du thème. L’Assemblée, conçue comme un espace de dialogue et d’expérimentation, proposait plusieurs ateliers participatifs favorisant la réflexion collective autour de la santé mentale.
L’atelier Rencontre, animé par Étienne Thouvenot de l’association Occurro, proposait des mini-expériences en binôme ou en petits groupes pour apprendre à aller vers l’autre et renforcer le lien social. Les échanges ont permis de mettre en lumière plusieurs freins à la rencontre : peur du rejet, frein identitaire, crainte du silence… Autant d’obstacles qui, lorsqu’ils s’accumulent, peuvent fragiliser la santé mentale. « Cela a changé ma façon d’écouter », confie un participant, tandis qu’une autre ajoute que l’expérience s’est révélée « utile pour des personnes timides ou qui ont perdu confiance dans le lien social ».
Au rez-de-chaussée, l’atelier Jeux, animé par Loïc et Chiara, volontaires en service civique au sein de la ligne d’écoute Nightline, rassemblait des participants autour de jeux de plateau créés par leur association. L’objectif : déconstruire les clichés sur les troubles psychiques, mieux comprendre les mécanismes de la santé mentale, tout en favorisant les échanges entre générations. La convivialité du jeu a permis à chacun d’aborder un sujet sérieux de manière accessible et décomplexée.
L’atelier Ciné-débat a réuni, quant à lui, un public attentif autour d’un court-métrage réalisé par Thomas Cressens. Le film a suscité de nombreuses réactions. Animé par Justin et Martin, le débat a rapidement pris de l’ampleur : « Je trouve que ça participe à l’idée de solitude masculine, qui est hyper vraie dans cette société, et encore plus chez les jeunes garçons », souligne une participante. « Ce qui me choque, c’est qu’on voit bien que c’est toujours le rôle de la fille de s’excuser », remarque une autre. Des échanges riches, révélateurs de la diversité des regards portés sur la santé mentale.
Enfin, l’atelier Témoignages, animé par Floriane Todoroff, coordinatrice du dispositif Zest (Zone d’expression contre la stigmatisation), et deux de ses membres, Adrien et Jean-Michel, a profondément touché le public. Ce dispositif, porté par le Centre Ressource de Réhabilitation de l’Hôpital du Vinatier, donne la parole à des personnes concernées par des troubles psychiques. Trois vidéos de témoignages ont introduit le dialogue autour de la stigmatisation, du diagnostic et du rétablissement. « J’ai peur d’avoir déjà été stigmatisant », confie un membre du public. Adrien et Jean-Michel ont livré des récits puissants : « Mon diagnostic n’a pas tout de suite été posé, j’ai longtemps lutté contre mes troubles sans savoir que c’en étaient », explique Adrien. Jean-Michel ajoute : « Je ne me définis plus par mon trouble, cela me permet de contourner la stigmatisation ». Un moment d’écoute rare, empreint d’humilité et d’humanité.
Sommes-nous tous égaux face à la santé mentale ?
À 19h, les ateliers se sont achevés et la table-ronde a pris le relais, permettant d’élargir la réflexion. Tina Nicol Youan Ilupeju, représentante du groupe de travail « santé mentale des jeunes » du CdD et présidente de l’association Adeen Tahny Ly (qui lutte contre les précarités et les violences basées sur le genre), dialoguait avec Bertrand Zilber, psychologue clinicien spécialisé dans l’accompagnement des jeunes publics.
Les deux intervenants ont proposé une lecture croisée de la santé mentale : une approche globale, sociale et multifactorielle. « Les jeunes ont de plus en plus de difficultés à trouver leur place dans une société qui marginalise la différence », affirme Tina. Bertrand rappelle quant à lui que « l’essor de la parole sur les réseaux sociaux et la meilleure détection des troubles élargissent le public concerné », mais que « les facteurs sociaux, environnementaux et structurels continuent d’aggraver les fragilités ».
Tous deux insistent sur la question de l’isolement et sur le rôle des « premières lignes » qui constituent un maillage essentiel pour repérer et orienter les personnes en difficulté.
Le public a ensuite pris la parole, soulevant des sujets variés : surcharge des dispositifs, rôle de la pair-aidance, place de la famille, manque de moyens structurels… La pair-aidance, expliquée comme un accompagnement entre pairs, ne remplace pas un suivi psychologique, mais peut être un précieux soutien. En toile de fond, un constat partagé : la santé mentale doit être une priorité collective. L’éducation et la sensibilisation apparaissent comme des leviers décisifs pour mieux prévenir, repérer et accompagner.
Une soirée engagée, des perspectives ouvertes
Cette onzième Assemblée Citoyenne s’est achevée sur une note d’émotion et d’espoir. Chacun est reparti enrichi de rencontres, d’idées et de pistes d’action. Le Conseil de Développement adresse ses sincères remerciements aux animateurs d’ateliers, aux intervenants, aux participants et à la Public Factory pour son accueil.
À travers cette soirée, une conviction s’impose : parler de santé mentale, c’est déjà agir.